Prénom, Nom: Anna Serra
Ville natale: Perpignan et tous les endroits que je traverse
Ville actuelle: Paris et tous les endroits que je traverse
Taff : écrivaine, poète, fondatrice Radio O et revue OR
Âge: 29 printemps
Qu'est-ce qui signifie, pour vous, la poésie ?
pƆ e ziə
d ʁ
ə əʊ
POÉSIE
DÉSIR
DE ZÉRO
Poète préféré/ poème préféré:
Je n’ai pas de chouchou. J’ai des éclaireurs. Il y a René Daumal qui m’a appris la fonction de la poésie en Inde, celle de nous faire rentrer dans un état de transe c’est-à-dire de nous faire accéder à un autre état de conscience. La poésie qui mène au réveil. A la renaissance de la conscience. Au zéro qui relance les dés. Il y a Trista Brown qui m’a appris l’élémentaire et le pouvoir de l’absence. Il y a toutes ces artistes qui ont exploré la voix comme on explore l’univers inconnu infini : Meredith Monk, Joan La Barbara, Maja Jantar. Il y a les Récitations d’Aperghis qui ont aussi influencé une de mes performances ("Banban"). Elles m’ont appris le goût du jeu des gestes avec les sons. Mais pour ça il y a eu auparavant Chaplin que j’adore. Il me rappelle l’humour qu’amène le corps qui construit du sens, et l’art d’être libre du sens avec les mots (dans Les Temps Modernes en particulier). Là j’évoque les poètes qui ont pu marquer mon travail de poète mourant d’envie de planter des poèmes dehors, de les planter en faisant jaillir l’enthousiasme dont est forcément constitué mon poème. Mais j’ai encore d’autres influences, des gens proches de moi, qui m’ont amené à la radio, ou encore à la narration ou à la création d’une revue de poésie visuelle et sonore.
Et surtout il y a Fadwa Souleimane et Maria-Mercè Marçal qui m’inspirent pour tout. (1)
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Traduit du français par Carrie Chappell/ Translated from French to English by Carrie Chappell
(1) I don't have favorites. I have guides. There's René Daumal who taught me the role of poetry in India, that of entering a state of trance, meaning, allowing us to access another state of awareness. Poetry that leads us to awakening. To a rebirth of consciousness. To a "zero" that relaunches the dice. There is Trista Brown who taught me the elementary power of absence. There are all these artists who explore the voice like we might explore an infinite, unknown universe: Meredith Monk, Joan La Barbara, Maja Jantar. There are the Recitations of Aperghis that also influenced one of my performances ("Banban"). They gave me a taste for the game of gestures with sound. But for that, we previously had Chaplin who I love. He reminds me of the comedy conveyed in the body that constructs meaning, and the art of being free with meanings in words (in Modern Times especially). Here I am evoking the poets who made an impression on my work as a poet dying to plant poems outside, to plant them by making them spring with the enthusiasm that is necessarily the constitution of my poem. Yet, I have other influences, some people close to me, who led me to the radio, or even to narration, or to the creation of a visual and audio journal of poetry.
And last but not least, there are Fadwa Souleimane and Maria-Mercè Marçal who inspire me in everything.